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Maroc : Vers l’amélioration de la collecte des emballages de boissons dans une approche d’économie circulaire.

La mise en place d’un système de retour-récompense pour les boissons permettrait d’augmenter le taux de recyclage et d’éviter l’émission de 156 000 tonnes éq.CO2 fossiles.
Publié le 22/03/2019

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Alors que la problématique de la pollution marine a pris une ampleur sans précédent dans la Méditerranée et ailleurs, nous sommes amenés à appliquer des solutions rapides et durables pour faire face à ce fléau. Dans ce sens SwitchMed a commandé une étude auprès du bureau SUNOV Engineering pour donner l’état actuel de la récupération des bouteilles plastiques et des canettes au Maroc et de vérifier la possibilité du déploiement des systèmes de la récupération automatique de ces emballages. Le but ultime c’est d’appuyer les entrepreneurs et l’économie verte pour les recycler et d’éviter qu’ils polluent la nature, notamment le milieu marin.

Des audits des plages1 ont classifié les bouteilles plastiques et les canettes parmi le Top dix des déchets retrouvés au niveau des plages de la Méditerranée, des audits plus récents concernant le Maroc2 ont révélé que 85% des déchets sur les plages marocaines sont en plastique dont 18% des bouteilles et bouchons. La pollution plastique des océans dépasse la pollution visuelle, les déchets plastiques se dégradent en microplastiques et nanoplastiques qui contaminent la chaine alimentaire et mettent en danger la vie marine.

SwitchMed a abordé cette problématique dans le but d’améliorer la collecte et le recyclage de ces déchets au travers d’un système de récompense pour le retour des emballages. Dans un premier lieu, il a été nécessaire d’évaluer les quantités produites en bouteilles plastiques et canettes issues du secteur de l’agroalimentaire (eau, boissons gazeuses et énergisantes) en se basant sur les consommations en litres de ces boissons. Le gisement récupérable en bouteilles plastiques (PET) a été estimé à 38 521 tonnes alors que celui des canettes était évalué à 5 047 tonnes. 

Au Maroc, la récupération des déchets recyclables a un fort impact social, vu que les milliers de personnes travaillent sur la récupération informelle des déchets au niveau des rues et des décharges sauvages. La formalisation et la professionnalisation du métier de tri de déchets sont essentielles pour à la fois améliorer les conditions de travail des trieurs et booster l’économie circulaire du pays.

Imagen4.pngLes enquêtes au niveau des trieurs informels et des coopératives de tri ont permis d’identifier un besoin fort en formation chez les récupérateurs, et ce, en termes de gestion, de commercialisation, d’outil informatique et de sécurité et hygiène. L’enquête a permis également d’avoir une estimation des quantités d’emballages échappant à la récupération et au recyclage, lesdites quantités sont de l’ordre de 20 290 tonnes de bouteilles en plastique et 443 tonnes de canettes . À noter que les canettes collectées par les trieurs incluent d’autres catégories de boissons qui n’étaient pas prises en considération dans le calcul du potentiel récupérable, ce qui pourrait surestimer les quantités de canettes récupérées.

Le troisième volet de l’étude s’est concentré sur la faisabilité d’un système de récupération automatique des emballages en utilisant des distributeurs automatiques inversés. Ces systèmes ont fait leur preuve dans plusieurs pays européens où la consignation des bouteilles plastiques et des canettes est appliquée avec des taux de retour élevés.

Au Maroc, seules les bouteilles en verre sont consignées, l’étude a donc considéré à la place de la consigne, une récompense économique qui serait offerte sous forme de bon d’achat dans les supermarchés. En guise de comparaison, le montant de la récompense pour une boisson de 2L mise dans un contenant plastique au Maroc représente 0.62% du montant de la vente de la boisson, alors que la valeur de la consigne pour le même type de boisson varie entre 3.95% et 14.2% dans les pays européens considérés dans la comparaison.

Par ailleurs, les enquêtes auprès des consommateurs des boissons embouteillées ont révélé que plus de 95% des personnes questionnées sont très réceptives à l’application du système de récompense et à l’utilisation des distributeurs automatiques inversés. Néanmoins, certaines enseignes trouvent que le système de collecte-récompense ne peut être géré par les supermarchés et que sa gestion doit être externalisée.

En fin, le déploiement des systèmes de récupération automatique au Maroc nécessitera un support financier de la part de partenaires publics et privés pour l’acquisition des machines et l’intégration des récupérateurs informels dans le processus de gestion, notamment, sous forme de coopératives, de petites entreprises ou sous un statut d’auto-entrepreneur.  Par ailleurs, le système de consignation permettra d’augmenter la valeur de la récompense et d’encourager davantage les marocains à trier et à retourner leurs emballages.

Finalement, le programme SwitchMed a mis en évidence l’opportunité de gain économique, environnemental et social pour toutes les parties prenantes et c’est par la collaboration et l’engagement de chacun que les taux de la collecte et du recyclage des emballages de boissons peuvent être améliorés au Maroc.  

 

1

Litter Assessment in the Mediterranean, UNEP/MAP, Athens, 2015.

2

Analyse des déchets solides présents sur les plages marocaines, Association Zero Zbel, Maroc, Septembre 2018.